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Mieux comprendre les conflits de loyauté – Thérapie &

Mieux comprendre les conflits de loyauté

 

Une séparation a un éventail de conséquences, tout particulièrement lorsque les ex-partenaires ont des enfants. S’il est bien entendu parfaitement normal de vivre un tourbillon d’émotions après une rupture, il est important de veiller à en protéger autant que possible les enfants, qui sont très sensibles.

En effet, il arrive qu’un enfant se retrouve pris dans un conflit de loyauté, avec l’impression de devoir choisir entre ses deux parents. Copl a interviewé Dorothée Caustur, coach et médiatrice familiale, à propos du concept de conflit de loyauté.

Qu’est-ce qu’un conflit de loyauté ?

Pour répondre à cette question, Dorothée Caustur a choisi de citer la définition d’Emmanuel de Becker, psychiatre infanto-juvénile (De Becker Annales Med. Psy 2011) définit le conflit de loyauté comme « un conflit intrapsychique dont l’origine est liée à l’impossibilité de choisir entre deux solutions possibles, choix qui engage le niveau des affects envers des personnes fondamentales en terme d’attachement, à savoir chacun des parents ».

Il peut survenir dans différentes situations :

  • Par exemple, si les parents se partagent l’hébergement de l’enfant, celui-ci peut donner l’impression de ne pas s’être amusé chez son papa lorsqu’il revient chez sa maman (et inversement) pour ne pas lui faire de la peine.
  • Il peut également arrêter de manifester son affection pour l’un de ses parents lorsqu’il est chez l’autre, surtout s’il y a de l’animosité entre eux à la suite de la séparation.
  • Si l’un des parents a un nouveau partenaire, l’enfant peut ressentir le besoin de le rejeter ou de le critiquer (même s’il l’apprécie) auprès de son autre parent.

Cependant, comme l’explique Dorothée Caustur, « cette tension interne – si elle perdure – peut générer un stress très important, voire chronique ». Or l’enfant a besoin de comprendre qu’il a le droit d’aimer ses deux parents, même si eux ne s’aiment plus.

Dans quel contexte un conflit de loyauté peut-il survenir ?

« On parle généralement de ‘conflit de loyauté’ de l’enfant à l’égard de ses parents, lorsqu’il se trouve dans une position où il a l’impression qu’il doit choisir entre ses deux parents qui sont en conflit et choisir son camp. Un conflit de loyauté peut survenir lorsque les parents sont dans une relation conflictuelle très forte, qu’ils critiquent et dénigrent l’autre parent par rapport à sa personne, ses actes, son comportement… Les deux parents attendent de leur enfant qu’il prenne position pour eux et contre l’autre. Toute manifestation d’intérêt à l’égard de l’autre parent est vécue comme déloyale. L’enfant se trouve face à un choix impossible, déchiré entre ses deux parents », précise la médiatrice familiale.

Quels conseils donner aux parents pour éviter que leur enfant ne se retrouve pris dans un conflit de loyauté ?

Dorothée Caustur propose 3 conseils concrets :

  • Tout d’abord, les parents doivent apprendre à gérer leurs conflits à deux, sans impliquer l’enfant. Le conflit appartient aux ex-partenaires et l’enfant n’a pas à y être mêlé. L’enfant n’a pas à devoir choisir son camp, « espionner » un parent pour le compte de l’autre ou subir des questions à son propos.
  • Il est également essentiel de ne pas critiquer l’autre parent devant lui et, idéalement, de s’abstenir aussi de critiquer un potentiel nouveau partenaire.
  • Il est important d’en parler avec l’enfant et de lui rappeler qu’il a le droit d’aimer ses deux parents et de ne pas être impliqué dans leurs conflits. « En fonction de l’âge de l’enfant, il s’agit de l’encourager à exprimer à ses parents qu’il souffre du conflit, qu’il a l’impression de devoir choisir entre ses deux parents qu’il aime et que c’est invivable pour lui. »

Malheureusement, souffrir d’un conflit de loyauté n’est pas anodin. L’enfant peut réellement se trouver en souffrance, avec un risque de développer des troubles psychosomatiques, de la tristesse, de l’agressivité, de l’agitation, du désinvestissement scolaire et même, à long terme, du ressentiment envers les parents. Cependant, comme l’indique Dorothée Caustur, « la plupart du temps, les parents ne se rendent pas compte du conflit de loyauté dans lequel ils placent leur enfant. Cette prise de conscience peut être favorisée lors d’une médiation entre les parents, éventuellement avec l’enfant. Ainsi, ils peuvent être sensibilisés au fait qu’ils ont des compétences complémentaires et que leur enfant ne trahit personne en aimant ses deux parents. En effet, il est parfois nécessaire de faire appel à un tiers (médiateur, thérapeute) qui pourra être le porte-parole de l’enfant vis-à-vis des parents et/ou l’aider à ne pas se laisser instrumentaliser ».

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Dois-je aller voir un médiateur ou un thérapeute ?

Si vous rencontrez actuellement des difficultés au sein de votre famille ou de votre couple, vous souhaitez peut-être bénéficier de l’aide d’un professionnel pour affronter cette période difficile. Cependant, il peut être délicat de savoir vers qui se tourner… 

Psychologue, médiateur, coach, thérapeute de couple… ? Quel spécialiste a l’expertise requise pour accompagner la situation que vous traversez ? COPL a interrogé Dorothée Caustur, médiatrice agréée et thérapeute systémique et stratégique, pour en apprendre davantage sur les deux disciplines qu’elle exerce : la thérapie et la médiation.

Qu’est-ce que la thérapie familiale et la thérapie de couple ?

« La thérapie familiale et la thérapie de couple visent à résoudre des problèmes familiaux ou de couple en ce qui concerne la relation », explique Dorothée Caustur. Son objectif principal est d’apporter une lecture des difficultés rencontrées par une famille ou par un couple. Le thérapeute va notamment analyser les actions et les réactions de chacun des membres du couple ou de la famille. Ensuite, il pourra proposer des exercices ou des outils de communication afin de solutionner les problèmes.

La formation du thérapeute va impacter le type d’approche : 

  • Analytique (une méthode axée sur l’analyse du « moi » du patient pour comprendre certains comportements et résoudre de potentiels conflits),
  • Comportementale (comme son nom l’indique, cette approche ancrée dans « l’ici et maintenant » vise à observer les comportements du patient et les facteurs qui les influencent),
  • Systémique (voir ci-dessous).

Dorothée Caustur, quant à elle, pratique cette dernière approche, dite systémique, aussi appelée thérapie brève. « Elle vise à s’intéresser aux interactions concrètes et actuelles entre les membres de la famille ou du couple, afin de déterminer ce qui ne fonctionne pas ou ce qui maintient le problème et ainsi proposer des expérimentations différentes en vue d’un changement durable. Les entretiens se font en famille ou en couple mais également de façon individuelle pour plus d’efficacité », précise la thérapeute.

Pour en savoir plus, n’hésitez pas à consulter les sites des associations officielles en Belgique, comme l’Association de praticiens de la psychothérapie analytique existentiellel’Association belge francophone des thérapeutes cognitivo-comportementalistes et l’Association belge pour l’intervention et la psychothérapie familiale systémique.

Qu’est-ce que la médiation familiale ?

« La médiation familiale, quant à elle, vise également la résolution de problèmes. Ceux-ci peuvent aussi être d’ordre relationnel (que la relation soit ou non maintenue entre les individus) mais, à la différence de la thérapie, elle a des implications juridiques au niveau de sa forme et de son contenu », indique Dorothée Caustur.

En effet, la médiation s’attache à régler des conflits avec l’aide d’un tiers, par exemple dans le cas d’une séparation ou d’un divorce. Le médiateur n’est pas un juge, il ne tranche donc pas de désaccords. Sa position de neutralité encourage les parties prenantes à s’accorder sur la meilleure solution possible.

« La médiation permet notamment de régler des problèmes par le biais d’un écrit par lequel les personnes peuvent s’obliger mutuellement à faire ou à ne pas faire quelque chose, suivant une obligation légale (par exemple, une contribution alimentaire à la suite d’un divorce) ou de manière contractuelle », précise la médiatrice. Au terme de la médiation, il est donc possible de bénéficier d’un accord concret à faire homologuer au tribunal pour rendre le document juridiquement contraignant.

Comme l’explique la Commission fédérale de médiation« l’accord de médiation est la convention dans laquelle elles [les parties] établissent tous les faits et droits qui dans le futur seront valables entre elles et qui incarnent pour elles la solution du conflit. Puisque l’accord de médiation est une convention entre deux parties, cette convention n’a pas de force exécutoire en soi (…) Afin que l’accord de médiation puisse recevoir une force exécutoire, une étape supplémentaire est nécessaire : l’homologation de l’accord de médiation par le juge ». 

De fait, Dorothée Caustur précise que « la médiation et son processus sont réglementés par le Code judiciaire. Il est donc fortement conseillé de faire appel à un médiateur agréé par la Commission fédérale de médiation. Celui-ci doit, en effet, justifier une formation continue et sa signature permet l’homologation de l’accord par un juge, lequel ne peut être contraire à l’ordre public ou l’intérêt de l’enfant ».

 

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Infos sur Palo Alto

L’école Palo Alto, c’est quoi ? 

Le modèle Palo Alto a été créé après la Seconde Guerre mondiale, dans les années 50, explique Dorothée Caustur. Des psychologues, anthropologues, philosophes et autres chercheurs se sont retrouvés autour d’un même enjeu : aider les patients à se remettre aussi rapidement que possible des effets de la guerre. Leurs réflexions sont à l’origine du principe de la thérapie brève. 

Qu’en est-il concrètement de ce concept de thérapie brève ? « Il s’agit d’une approche concrète de résolution d’un problème donné, au présent. On parle de CIA : concret, interactionnel, actuel. On est vraiment dans le hic et nunc, l’ici et maintenant », indique la coach. Ces problèmes peuvent être divers, plutôt personnels ou davantage liés aux autres : 

  • Difficulté à gérer ses émotions
  • Conflits conjugaux,
  • Perte de lien,
  • Difficultés à communiquer…

 

Comment se déroule une séance Palo Alto ? 

Une séance se passe en plusieurs étapes : 

D’abord, le coach se renseigne sur les tentatives de régulation déjà mises en place par le patient, ce qu’il fait concrètement pour tenter de solutionner son problème. Dans le cas d’une personne qui refoule sa colère, qui explose ensuite à des moments non souhaités et non appropriés, on peut par exemple remarquer une tendance à l’évitement. 

Ensuite, il lui propose une tâche, un exercice pour casser la dynamique déjà élaborée. Pour reprendre le même exemple, le patient est encouragé à trouver un lieu et un moment où il peut crier à pleins poumons et se décharger. Puisque cette émotion survient de toute façon, on peut faire le choix de quand l’accueillir. 

Enfin, il participe à la prise de conscience de cette expérience vécue, qui permet de remodeler la vision des choses du patient.  

Il est important de noter que la personne doit être actrice de ce travail et vouloir un réel changement pour que cela fonctionne. Lorsque c’est le cas, les résultats peuvent survenir rapidement. 

C’est ce qu’on appelle la causalité circulaire, explique Dorothée Caustur. On a tous une vision du monde, une idée de comment les choses doivent se dérouler, qui alimente nos comportements. Or, il y a parfois un décalage entre cette vision et la réalité. Le modèle Palo Alto permet d’agir sur le comportement en faisant vivre une expérience différente qui permet de modifier, par le vécu, la vision du monde.  

La coach prend l’exemple d’un ado en pleine crise et d’une maman qui s’inquiète. Celle-ci, craignant que son fils ne décroche scolairement, est dans une posture de contrôle qui éloigne son fils et le pousse à couper la communication. La maman a le sentiment que son rôle de parent est d’agir dans la vie de son fils et qu’il est de sa responsabilité de ne pas lâcher prise. Elle pense être dans le bon et s’applique donc dans sa méthode qui, au contraire, renforce la souffrance. 

Le conseil donné sera de rompre le schéma de contrôle et de changer de stratégie : la maman peut expliquer à son fils pour quoi elle se préoccupe pour lui (« si tu n’étudies pas, tu risques d’avoir des examens de rattrapage, cela peut gâcher tes vacances ou même te faire recommencer ton année ») et lui dire que désormais elle ne se mêlera plus de son étude car il est assez grand pour assumer. 

Ce changement de posture et d’interaction désamorce le cercle vicieux relationnel qui s’était ébauché. Cependant, ce chemin peut être difficile à suivre seul et un accompagnement est plus que conseillé. 

Le mot de la fin 

« La thérapie brève est une approche systémique et stratégique de résolution d’un problème issue de l’école de Palo Alto. Elle permet de rapidement identifier les cercles vicieux dans lesquels les personnes se trouvent malgré elles afin de mettre en place une autre façon d’aborder le problème et d’amener un changement », 

explique Dorothée Caustur sur son site dédié à la thérapie, au coaching et à la médiation. N’hésitez pas à le découvrir pour en apprendre plus sur le sujet : www.therapie-mediation.be  

 

Plus de conseils sur le couple dans ces articles :  

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